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Sur le ring : l'invisible face au visible


En ces temps de frappes, la tentation de jeter l'éponge et de se laisser anéantir par les pensées de peur est grande. Le doute est dans toutes les têtes quand l'Ombre gagne du terrain. Je n'y échappe pas...



Il est de l’homme comme de la nature. À l’automne, sa sève est au ralentie, voire ne circule plus. C’est mon ressenti, ce matin, en posant les pieds sur ce plancher, assis sur le bord de mon lit. Pour certains, lorsque les feuilles mortes se ramassent à la pelle, c’est l’heure du grand nettoyage du foie tandis que d’autres ont rendez-vous avec leur plaquette de magnésium. Nous nous boostons, aux forceps, pour maintenir notre position verticale. Mais là n’est pas l’angle de ce texte, celui de notre corpus, sujet aux aléas saisonniers. Marronnier barbant.


Ce qui me préoccupe, à 7 heures, c’est mon asséchement intérieur. À l’instar d’un lendemain de fête ou les perspectives de création d’une belle journée sont infimes. On a beau faire, on a beau dire, il nous manque une jambe pour se mettre en marche. Je constate que tout ce que j’ai entrepris jusque-là, l’invocation de la puissance spirituelle vénérée, la maîtrise égotique, le respect de la loi de l’Attraction, le marqueur du positivisme à tout crin… me semblent un lointain souvenir. Et il y a une raison.


Je, tu, il, nous avons l’impression d’un bis repetita après l’été indien. Comme chaque année, nous nous préparons à encaisser la nouvelle percée hivernale. C’est la saison des petits mouchoirs qui remplissent nos poches, de cette goute au nez si éprouvante. Oui c’est cela, pauvre de toi ! À moins qu’il ne s’agisse de sa p’tite névrose latente qui s’éveille à l’idée du changement d’heure, son spleen automnal que nous adorons pointer du doigt dès le 1er octobre. C’est une hypothèse.

Bien sûr que non !


Il me manque une jambe ou à minima je boite, parce que les terres de Gaza, d’Ukraine, du Haut-Karabakh saignent. Ils ont réussi. Je suis atteint par les postillonneurs, chroniqueurs, commentateurs politico-médiatiques matinaux qui me parlent géopolitique, corridor humanitaire au lieu de…

De quoi ? Parler d’amour inconditionnel ? De profanation de la Terre sainte ? De paix ? Du saccage de ce grenier à blé à l’Est, de la souillure de Gaïa notre Terre-Mère nourricière, don du ciel ? Du million d’âmes qui s’incarnèrent en Arménie, victimes d’un génocide en 1915 et qui, depuis sont très certainement en souffrance, en errance en bas astral ? Ô misère, voient-elles de là-haut la descendance qu’elles n’ont pas eu, mais qui aurait pu être, petits et arrière-petits enfants aujourd'hui sous la mitraille ?


À ce rythme, en janvier 2024, allons-nous avancer une fois de plus les aiguilles de l’horloge de l'apocalypse, l'horloge de la fin du monde * ? Un terrifiant tic tac créé en 1947, entre autres par Albert Einstein, et qui serait l’outil de mesure des tensions politiques et climatiques planétaires. Est-ce ainsi que les hommes vivent, se dirigeant inéluctablement vers le précipice ? L’horloge affiche 23 h 58 et 30 secondes. Autrement dit, selon les scientifiques, il nous reste 90 secondes avant la fin, à minuit. Fake news ?

Je m’engage dans une absurde analyse de comptoir sur l’évolution du chaos mondial depuis un siècle. Certes, nos aïeux ont subi et nous subissons, mais depuis des générations nous sommes les créateurs de cette réalité.


Il est trop aisé de se dédouaner. Nous participons à l’absurdité plus ou moins directement par nos actes, nos pensées de peur, notre collaboration à cela même qui nous hérisse le poil. Nous nous sommes entichés de l’Ombre plutôt que de la Lumière : la fascination pour les ténèbres.

Si je mets un point final à ce texte, ici, je suis moi-même un artisan de l’Ombre à l’instar de celles et ceux qui grommèlent devant leur poste de télévision. Je décide donc de cesser la lutte contre cette réalité d'une partie du monde, de générer de la peur avec mon petit ego si agile, me targuant de couteau suisse, de sauveur de l’humanité. « Ah si j’étais au commande, tout serait parfait ! » Les pensées de peur sont dévastatrices. Les pensées d’amour sont guérisseuses.


Aussi, après mon premier agacement matinal, je reprends conscience que nous sommes... un. La parole du Roi lion est on ne peut plus clair à ce sujet !

« Quels que soient les caprices du destin

Comme les lions par millions, par le cœur ne font plus qu'un

Tous ensemble, avec toi

Nous sommes un. »


Si le Roi lion le dit aux enfants, alors…


Oui, je ressens les vibrations des terres brûlées, des cœurs abîmés, des corps déchiquetés. J’accueille ces sensations et je les accepte. Faisant moi-même partie d’un Tout, je n’ai pas le pouvoir exécutif de transformer visiblement ces états de délabrement, de destruction, mais j’ai celui de l’amour et du pardon. Nous l’avons tous. Et dans cet élan, que d’aucuns estiment inutile, je n’exclus ni le corps israélien, ni le corps palestinien, ukrainien, arménien, azéri… J’embrasse l’ensemble de ces incarnations, du bourreau qui met à mal sa propre âme, à la victime terrorisée en souffrance.


Je n’ajoute pas de la peur à la peur, de la haine à la haine. Je sais que de part le monde, nous sommes quelques centaines de milliers et, plus encore, à prier pour la paix ou à penser que les armées angéliques apporteront la Lumière aux forces obscures.

Si elle se maintient, cette énergie vibratoire d’amour peut faire des miracles, conjuguée à l’énergie des humains dont le ministère est de soulager les victimes sur le terrain, sous les bombes et de rendre la justice des hommes au service du bien. Ne laissons donc pas notre cœur se déshydrater par mélancolie, repli, rancune, abandon, colère, indifférence. Rechargeons-le, en étant en conscience de la réalité factuelle, sans faire l’autruche, mais sans douter de la puissance de notre pensée d’amour contributrice à la transformation. L’invisible à la puissance infinie fait face au visible, limité, bâti par les hommes. Le pot de terre contre le pot de fer. On aurait tort de négliger cette puissance de Lumière quand nous sommes enlisés.




* Horloge conceptuelle créée en 1947, peu de temps après le début de la guerre froide, et mise à jour régulièrement depuis par les directeurs du Bulletin of the Atomic Scientists de l'université de Chicago, sur laquelle « minuit » représente la fin du monde, l'apocalypse.










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