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S’aimer les uns et les autres


« J’aime mieux ma fille que mes nièces, mes nièces que mes cousines… » Le procédé rhétorique de Jean-Marie Le Pen, balancé en 1988, lors d’une interview sur l’égalité des hommes et leur droit aux grands principes de liberté, d’égalité et de fraternité pose la question de la hiérarchie de nos affections et de notre capacité à irradier d'amour inconditionnel.



La spiritualité. L'ego destructeur. L'amour inconditionnel.


Le Pen ou pas, spontanément, la plupart d’entre nous adhérent à la démonstration de l’ex-chef de parti. La chair de ma chair, les liens du sang ont la primauté. Si nous abordons cette lecture dans la matière, celle de nos corps physiques, elle est parfaitement audible et compréhensible. À l’aune des ruptures filiales dans cette famille, nous pouvons volontiers nous interroger si l’homme politique se risquerait à l’employer encore aujourd’hui. Mais ne nous égarons pas.

Ne soyons pas non plus dans l’illusion concernant les liens du sang. Bien des familles sont dans la déchirure, les membres fracturés, les bouches fermées, le cœur empli de rancunes, de griefs, de colères allant jusqu’à la rupture. Et les sentiments de haine, de jalousie torpillent toute possibilité de tendre la main, de pardonner, de recoudre l’étoffe familiale.


Une autre lecture s’impose, enracinée dans la dimension spirituelle, nourrie par cet amour inconditionnel fortement recommandé et si difficilement accessible.

Aimer son prochain, quel qu’il soit, sans marquer de différences, libéré de toute propension à la discrimination. Les bénévoles des Restos du Cœur, les pompiers, les auxiliaires de vie, les médecins, les humanitaires, les Justes… ont très certainement un réservoir d’amour bien plus grand que celui du trader ou de l’agent d’assurance. Mais affirmer qu’ils sont libérés d’un penchant au favoritisme serait une farce, tout comme écarter l’option de la tentative de guérison de leurs blessures en soignant celles des autres. Mais au moins, ont-ils leur source ouverte à leurs congénères.


Les éveillés, les illuminés, eux, se caractérisent par cette capacité à aimer inconditionnellement. Le Christ en était la preuve vivante, allant jusqu’à demander au Père de leur pardonner : « Car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Ces humains seraient-ils dans les pas de l’Élu ? Mata Amritanandamayi, surnommée Amma (Mère de la Béatitude immortelle) qui aurait pris dans ses bras près de 30 millions de personnes, Anjezë Gonxhe Bojaxhiu (Mère Teresa) dont on connait l’œuvre à Calcutta, Christina Noble qui se bat contre l’extrême pauvreté des enfants au Vietnam et en Mongolie…Ces histoires sont comparables et incomparables, mais ces personnes ont un dénominateur commun qui les unisse : l’amour qui déborde de leur être. Leur cœur n’a aucune limite à son expansion.


Lorsque nous observons notre propre vie, nous y voyons de nombreux débats intérieurs qui nous préoccupent, nous accaparent, engageant la procrastination et le repli sur soi.

Nous avons plus ou moins conscience du malheur des autres, de leurs difficultés, de leurs égarements, de l’ombre qui masque leur lumière, de l’injustice qui les frappe, mais nous restons dans notre zone protégée, pour ne pas dire d’intérêt. Chacun sa croix et Dieu pour tous. Il est malaisant de s’ouvrir, car nous nous sentons fragiles face à ceux qui sont sur des brancards ou qui sortent leur glaive à tout-va. L’effet miroir est notre épée de Damoclès.


S’aimer les uns et les autres : le suprême challenge de l’Humanité ! Considérer cet autre non pas comme un étranger, mais une part de soi-même.

Déjà, le relever dans son propre entourage est une gageure. Le chantier est immense tant nous sommes bloqués dans nos « oui, mais… » qui nous éloignent de notre cœur. Nous avons toujours une bonne raison de juger, de placarder, de remettre à demain et de se détourner des autres. Nos blessures, nos peurs, nos aspirations à la vengeance nous amènent à des réactions disproportionnées, égotiques. Dans ce cloaque primitif, nous nous blessons à nouveau en déployant la mécanique de l’aversion ou de l’avidité. Nous rajoutons des couches de souffrances à nos souffrances accumulées depuis notre naissance, mais aussi à celles dont nous n’avons aucune conscience, car liées à des mémoires de vies antérieures.


Nous ne sommes pas tous des Samaritains, des missionnaires de la charité, des bâtisseurs d’orphelinats, mais nous avons tous la capacité, à minima, à changer notre regard sur les autres, y compris sur ces petits bourreaux qui nous bouffent la vie au quotidien.

Nos blessures, nos peurs, nos aspirations à la vengeance nous amènent à des réactions disproportionnées, égotiques.

Quant aux grands tyrans qui nous persécutent, si nous avons échappé au piège du syndrome de Stockholm, celui du talion, de la vendetta ne nous épargne pas. Il est systémique. Parvenir à l’éviter relève du grand art, de l’œuvre sublime réalisée par une infime partie des humains. Nous sommes des handicapés du pardon. Avoir conscience de cette infirmité, c’est s’éveiller. Accepter que nous ne parvenons pas à endiguer notre soif de châtiment et l’accueillir comme un passage obligé est aussi le signe que nous sommes en conscience du bien et du mal. Mais avoir la bouche sèche en permanence, à en perdre la raison et son âme, n’aboutit qu’à son autodestruction.


Inutile de serrer dans ses bras les indélicats, les railleurs, les hommes de main, mais se libérer de notre hostilité exterminatrice en recourant au dialogue avec soi-même et ses frères ennemis nous transforme de l’intérieur, à défaut de changer le monde. Se réveiller en permanence en colère, épris de haine, ancre nos énergies dans une marée noire. Nous nous engluons de notre propre chef. Désirons-nous cela pour notre vie ? Briser ses chaînes rouillées permet d’instaurer la paix dans son cœur et l’on se sent tellement mieux. Notre corps émet de meilleures vibrations et ceux qui nous entourent le perçoivent. « Qu’est-ce que tu es lumineux ! » Plus nous serons nombreux à déposer les armes, plus un égrégore de bienveillance se formera. Il ne s’agit pas de courber l’échine, de capituler devant l’ombre, de faire acte de pleutrerie, mais d’être dans sa croissance personnelle, intime, en connexion avec son âme qui attend du bien de notre incarnation.


Résister face à l’ennemi sans pour autant le détester, car demain il sera potentiellement un ami. L'Histoire nous l'a souvent démontré.

Ce ne sont que des paroles de bisounours, angéliques qui entrent par une oreille avant de sortir immédiatement par l’autre. Réaction reptilienne. La peur fait le job et nous met le couteau entre les dents shuntant la lecture spirituelle de notre existence. S’aimer les uns et les autres passe par l’amour de soi, et suffisamment pour ne pas laisser s’infiltrer les émotions ravageuses dont nous sommes les premières victimes. La spiritualité, source de bien-être et de développement personnel.


Le mal que je te fais, je me le fais.

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