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Et si je ne me souvenais de rien...


Nous nous abreuvons à la source des autres. Quel que soit le sujet, une parole étrangère prend souvent le dessus sur la nôtre. Nous créons nous-même une dépendance énergétique, puisant ailleurs ce que nous possédons à l'intérieur. La vie et l'avis des autres sont à consommer avec modération, discernement. Parfois, une véritable contre-offensive doit être menée pour être soi. L'arme fatale : l'amnésie autoproclamée.



À cet instant, en moi, j’ai la sensation qu’un grand vide cohabite avec un immense plein, ou du moins que l’un et l’autre se succèdent sans cesse. Les joies de la transformation, de l'éveil ? Étrangement, cet état psychologique me rappelle celui qui peut survenir après avoir passé quatre heures dans un amphi, à suivre un cours sur l'histoire de la pensée économique ou tout autre sujet envahissant. Après avoir quitté le banc, sur le parvis de l’université, humant l’air, je suis prêt à en découdre, à fonder mon cabinet d’études, aux prises avec cette autre sensation d’être en parfait alignement avec…, avec… ? Enfin, disons que je suis proche de l’exaltation.


De retour chez moi, deux heures plus tard, le verre d’eau de la connaissance n’est déjà plus qu’à moitié plein. Et le lendemain, le vide s’est installé. Mais que vais-je faire de tout cela ? Que reste-t-il de mes amours d’hier ? Puis-je passer ainsi du débordement à l’assèchement ? Non, ce n’est pas envisageable dans ma vie ! Tout cela pour ça. Il m’apparaissait pourtant que c’était mon jour, mon épiphanie. Poing levé, je me tenais sur les barricades face à la dureté de la vie, prêt à porter les bretelles du trader de la City ou celles du grand sage.


Gare à la voix de la connaissance qui nous stimule, nous berce d’illusions et nous éloigne de notre vérité. La parole des autres peut être transformée par notre ego en un sésame qui fait pschitt au moindre souffle, car nous sommes éparpillés.

Les influenceurs ne sont pas les payeurs. En lisant les ouvrages des sages et autres messagers inspirés, à l'instar de Coelho, Sadhguru, Dan Millman, Wayne Walter Dyer, Eckhart Tolle, Laurent Gounelle… et même Napoléon Hill, nous sommes éblouis par une myriade d’étincelles tout comme devant ce professeur. En refermant leurs essais, nous sommes à l'instar d'un étudiant avec des yeux de merlan frit face au sachant, qui vient de nous dégager un nouvel horizon. Chemin faisant, nous travaillons à l’élaboration de notre voie, portés par les belles paroles de ces éveillés qui, eux aussi sont passés par la rocaille, et dans lesquels nous nous reconnaissons. Dans un même élan, certains d'entre nous reçoivent un appel qui les guide et les amène à procéder lentement, mais sûrement, au grand reset de leur existence.


Les mois, les années passent et nous nous détachons peu à peu de la matière comme unique raison de notre présence sur cette Terre. Un chat n'est pas qu'un chat. Et puis un jour, le verre d’eau nous semble bien rempli avec notre source. Quelle satisfaction ! Et sans prévenir, le jour suivant… il nous semble vide. Quel est donc ce tour de passe-passe ?

Aujourd'hui, c'est ma sensation. Aussi, je me replonge dans mes premières lectures, celles des grands sages, les vrais ! Que me disent-ils ? Eux m'apparaissent tenir si bien la position du lotus ; leur éveil est pérenne. Qu'ai-je raté ? J'ai conscience que ce billet, cet aller-simple vers soi, qui se présente à moi, est une merveille. Je sais qu'il n’y a pas de retour possible, seulement des arrêts, des correspondances, essentiellement pour cause de doutes. C'est ce qui m'arrive. Et c’est là qu’il faut prendre des nouvelles de son âme, plutôt que de s'en remettre aux autres ce, afin d'éviter de jouer les prolongations sur le tarmac des incertitudes et d'assurer la poursuite de son voyage.


En attendant la soul connexion, le grand vide opère à sa guise...


Tout comme nous sommes victimes d’une overdose d’informations sur la marche du monde, déversées par les hommes dits de « connaissances », nous n’échappons pas aux conséquences d’une dose excessive de préceptes spirituels.

Bien qu'immergé dans la parole des autres et après tous ces enseignements reçus de sources si diverses, rien n'est limpide. Ces prières, lectures, mantras... seraient-ils juste des tuteurs ? La marche du bonheur s’avère la marche de la lenteur, vers je ne sais quelle petite place au soleil. Peut-être ai-je trop lu, trop cherché, trop attendu, trop imaginé, trop rêvé « un impossible rêve » : la quête d’amour de Brel.


De même que l’accomplissement, tant désiré, de son parcours social, celui de son éveil spirituel est une affaire très personnelle, intime. Il requiert du silence autour de soi et en soi, celui qui favorise l'amnésie passagère, nécessaire pour laisser la place à son processus créatif émanant de sa source, que l'on peut aussi qualifier d'intuition. Alors, « en vérité, en vérité, je vous le dis », c’est l’heure de faire table rase, ne plus se souvenir de ce qui a été, ni de l’origine de son éclosion dans le monde, de la transmission de la connaissance par les uns et les autres, ni de ses pensées, ses idées et encore moins de celles d'autrui. C’est ainsi qu’un matin je me lève et… je ne me souviens de rien, comme un nouveau né qui découvre la lumière. Là est le commencement de tout, de la reliance.

Bonne chance dans ce périple et ne tenez pas compte de ce que j'ai écrit.












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