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Sur la piste du Reiki à l'hôpital...


© National-cancer-institute-unsplash


De la Suisse en passant par les États-Unis, l'Angleterre, la France... tour d'horizon de la pratique du Reiki dans les hôpitaux. Une méthode plus ou moins appréciée selon les pays, notamment sur notre territoire, les autorités pointant du doigt la dérive sectaire.



La source est sérieuse ! Selon le Quotidien du Médecin, « 40 % des Français auraient recours à un traitement alternatif ». Que cela soit la Naturopathie, la Réflexologie, le Reiki… Un engouement qui n’est pas du goût de tous les professionnels de santé et de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, mais qui est la démonstration de l’intérêt que portent nos concitoyens à ces disciplines. Très certainement, c'est pour cette raison que les thérapeutes français rappellent que « le praticien Reiki n’est pas un médecin, il n’effectue aucun diagnostic, ne donne aucun avis médical. Recevoir un soin Reiki ne remplace en aucun cas un traitement médical. » Ces méthodes sont régulièrement pointées du doigt par les autorités, tout comme l'homéopathie. À tort et à raison car, pour ne pas être binaire, il faut en effet savoir trier le bon grain de l’ivraie dans cet univers.


Reste que la quête de spiritualité, de prise en compte globale de son être, autrement dit du désir de s’inscrire dans une approche holistique, amène des femmes et des hommes à expérimenter voire adopter ces méthodes thérapeutiques. Chacun exerce alors son libre arbitre quant à ses choix pour améliorer sa santé avec pour seul objectif de se sentir mieux.

Environ 15 % des hôpitaux américains offrent le Reiki, selon le magazine Consumer Reports on Health.

Aujourd’hui, le Reiki n’est pas exclusivement pratiqué dans des cabinets confidentiels. Certains hôpitaux en France et à l’étranger font appel à des praticiens pour soulager des patients. Le média québécois La Presse écrivait en 2012 qu’ « Environ 15 % des hôpitaux américains offrent eux aussi le Reiki, selon le magazine Consumer Reports on Health. C'est le cas même si les études relatives à son efficacité sont contradictoires. »


À Toronto, l’hôpital Princess Margaret Cancer Centre, qui prend en charge quelque 400 000 patients par an, propose des thérapies complémentaires, dont le Reiki. Il les présente comme « des traitements que vous pouvez essayer en parallèle de vos traitements classiques contre le cancer pour soulager vos douleurs. Parlez avec votre équipe de soins de santé avant d’essayer toute thérapie complémentaire afin de vérifier que cela ne présente aucun danger pour vous », peut-on lire dans leur guide (édition 2021) Comment gérer les douleurs liées au cancer. Outre le Reiki, l’hôpital met en avant la Massothérapie, l’Aromathérapie, la Musicothérapie, Réflexologie, l’Acupuncture, la Neurostimulation transcutanée (technologie TENS) et l’Hypnothérapie.


Le MedStar Washington Hospital Center, hôpital d'enseignement pour l'école de médecine de l'université de Georgetown, inscrit également des pratiques alternatives dans le cadre de la prise en charge de la douleur Pain Management. Il propose des séances de méditations, de Reiki, d’acupuncture… C’est le cas aussi de l'hôpital général, centre de traumatologie et universitaire James Cook dans le North Yorkshire en Angleterre. Et nous pourrions multiplier ainsi les exemples en Suisse, Allemagne, Espagne, Australie…

Marseille : création d’une unité de soins et de la recherche sur l’esprit à l’hôpital de la Timone

En France, certains hôpitaux, notamment privés, s’intéressent au Reiki, à l’instar de celui des Côtes- d'Armor à Plérin dans lequel deux praticiennes de l'association Reik'Armor sont intervenues dans le service oncologie. C’est le cas aussi à l’hôpital du Vert Galant à Tremblay-en-France.


À Marseille, l’hôpital de la Timone a créé le 1er janvier 2005 l’USRE (l’Unité de soins et de la recherche sur l’esprit). À l’époque, le CHU avait identifié, entre autres, « la nécessité des soins spirituels, particulièrement évoquée ces dernières années dans le cadre de l’oncologie et des soins palliatifs. Le plan cancer. La clinique de la douleur et de la fin de vie. » En 2007, le CHU a édité un rapport d’activité soulignant que : « Le Reiki fait du bien, cela ne semble pas faire de doute, mais si les recherches sont prometteuses, à ce jour elles peuvent seulement suggérer qu’il agit par réduction de l’anxiété, du stress, en apportant une relaxation musculaire, un sens de bien-être, une diminution de la douleur. Mais, quelle est la part du Reiki et quelle est la part du praticien, ou de la relation entre le praticien et le patient ? Question difficile. »

L’USRE a donc développé son travail sur deux axes : une recherche bibliographique en parallèle d’une formation au premier niveau pour un groupe de personnes en vue d’un essai clinique. Quelques années plus tard, elle a franchi le pas en proposant des « méditations guidées de type Mindfulness ou Vipassana en chambre, sophrologie, du ‘’toucher-détente’’, de l’hypnose Ericksonienne, des soins énergétiques, de l’aromathérapie et des discussions spirituelles » menées par Eric Dudoit, ex-chef de service de l’Unité de Psycho-Oncologie en Soins Palliatifs et en Oncologie Médicale. Aujourd’hui, après une dizaine d’années d’exercices, l’USRE n’est plus opérationnelle.


On constate donc que l’intérêt pour la pratique du Reiki dans les milieux hospitaliers en France est balbutiant voire anecdotique, car confrontée à de multiples résistances qui sont d’ailleurs soulevées dans le rapport du CHU de Marseille : « (…) Une initiation du premier niveau a été proposée à plusieurs soignants de l’hôpital. S’en sont suivies nombre d’interrogations qui tournent autour du fait que tout le monde n’est pas susceptible de devenir praticien Reiki même s’il y est favorable a priori. » Et d’ajouter : « (…) Sur le plan de ce type de soins, il existe une grande inquiétude en France actuellement sur le fait que des sectes infiltreraient les milieux de la santé. »

Ce n'est pas le cas à l'Institut Rafaël de Levallois-Perret fondé en 2018 par quatre oncologues. Aujourd'hui, il compte une équipe de 11 oncologues, 70 paramédicaux et 5 coordinatrices. « Initié autour de la problématique du cancer et des effets délétères de ses traitements, l’Institut Rafaël a aujourd’hui le projet d’étendre son modèle à l’ensemble des maladies chroniques. » Il propose des médecines traditionnelles intégrées au Pôle Bien-être qui permettent une approche holistique comme l’acupuncture, l’auriculothérapie, l’immersion sensorielle, le Qi gong, le Reiki, la Réflexologie ou le Shiatsu. « Le soignant voit le patient dans sa globalité et vise à amener un équilibre, une fluidité entre le corps et l’esprit. » L'équipe a accompagné plus de 2900 patients, offert gracieusement 40 000 soins et affirme permettre un mieux-être scientifiquement avéré sur la voie d’une guérison pérenne. Pour les fondateurs, « il est temps de s’occuper du patient et pas seulement de sa maladie. Celui-ci doit être considéré dans sa globalité, grâce à une approche thérapeutique holistique, personnalisée et humaniste. »


Aux États-Unis, le NIH (National Institutes of Health), la plus grande agence de recherche biomédicale au monde, faisant partie du Département américain de la Santé et des Services sociaux, s’est penché sur les vertus du Reiki. Elle écrit sur son site en 2018, résumé ici en substance, qu'« il n'a pas été clairement démontré que le Reiki était efficace à des fins liées à la santé. Il a été étudié dans le cadre de soins pour la douleur, l'anxiété et la dépression, mais la plupart des recherches n'ont pas été de haute qualité et les résultats ont été incohérents. Il n'y a aucune preuve scientifique à l’appui, de l'existence du champ énergétique qui jouerait un rôle dans le Reiki. Il n'a pas été démontré que le Reiki avait des effets nocifs. »


« Reiki hasn’t been clearly shown to be effective for any health-related purpose. It has been studied for a variety of conditions, including pain, anxiety, and depression, but most of the research has not been of high quality, and the results have been inconsistent.There’s no scientific evidence supporting the existence of the energy field thought to play a role in Reiki. Reiki hasn’t been shown to have any harmful effects. »

France : des pratiques dans le collimateur…

En France, à la même date, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires écrit : « Parmi toutes ces techniques et méthodes, le reiki et la kinésiologie connaissent un développement sans précédent en France, alors qu'ils sont porteurs de risques et non éprouvés. » Et dans son rapport de parler de « quête de respectabilité ». (…) Le reiki comme la kinésiologie semblent aujourd’hui faire partie du champ du mieux-être et ont fini par s’installer dans le champ sanitaire. Ces techniques font d'ailleurs leur apparition dans quelques établissements de santé avec tous les risques que cela peut représenter pour les patients (déstabilisation, perte de chance de guérison). » La Mission souligne également que « L’adhésion d’un conjoint au reiki ou à la kinésiologie ne serait pas étrangère à des décisions de divorce ou à des séparations. »

Ces appréciations et avertissements amènent bon nombre de praticiens à rappeler que « pour des cas tels que la schizophrénie ou des troubles de la personnalité, un traitement Reiki sera contre-indiqué. »


Dans un même temps, force est de constater que c’est un métier reconnu par Pôle emploi inscrit au Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois (ROME) dans la Catégorie : Développement personnel et bien-être de la personne Code K1103.

Le ministère de la Santé et de la Prévention écrit concernant les pratiques de soins dites non conventionnelles (PSNC), appelées aussi « médecines alternatives », « médecines complémentaires », « médecines naturelles », ou encore « médecines douces » : « La connaissance de ces différentes pratiques est encore incomplète, voire insuffisante. Les patients doivent donc être informés de l’utilité possible de certaines pratiques proposées à titre complémentaire de la médecine conventionnelle, mais également mis en garde contre le risque de perte de chance lié à certaines d’entre elles. (...) Certaines de ces pratiques non conventionnelles ont certainement une efficacité sur certains symptômes, mais celle-ci est insuffisamment ou non démontrée ; certaines pratiques n’ont pas d’efficacité sur certains symptômes mais ne présentent pas non plus de risques pour la santé. Elles peuvent cependant entraîner une perte de chance pour les personnes qui seraient atteintes de maladies graves, comme le cancer par exemple, en retardant la prise en charge du malade en médecine conventionnelle. D’autres, enfin, peuvent avoir des effets nocifs pour la santé et doivent donc être systématiquement proscrites. »


Suisse : une formation très officielle

Chez nos voisins helvètes, orientation.ch, le portail officiel suisse d'information de l'orientation professionnelle, universitaire et de carrière, propose des formations Reiki : trois niveaux sur 70 heures pour quelque 1700 €. La formation suivie dans son entier donne droit à un diplôme ASCA de la Fondation suisse pour les médecines complémentaires. Cet organisme indépendant a été constitué par des spécialistes en assurance-maladie et des thérapeutes. Sans but lucratif, l'ASCA est assujetti à la surveillance du Département fédéral de l'intérieur (DFI), notamment chargé de la prévoyance vieillesse et de la santé. L’équivalent de notre ministère des Solidarités et de la Santé.


Ces informations factuelles, non exhaustives, doivent permettre à chacun de faire ses choix en connaissance de cause, pour le bien de son corps et de son esprit. Prendre en considération tant les avertissements de nos autorités françaises que la reconnaissance du Reiki dans d’autres pays comme thérapie complémentaire, sans effets nocifs, ou à minima, ne stigmatisant pas ce type de méthodes.

Karen Isère, journaliste à Paris Match a réalisé une interview en 2020 du Pr Maurice Mimoun, chef du Service de Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique et traitement chirurgical des brûlés de l’Hôpital Saint-Louis. Elle écrit: « (…) les brûlures se prêtent aux interprétations “ miraculeuse ” parce que leur pronostic reste difficile : “ Des choses très impressionnantes peuvent cicatriser toutes seules.” Ce spécialiste n’a jamais constaté le moindre impact d’un coupeur de feu. “ Mais l’être humain a des capacités d’autoguérison qui dépendent en partie de la compréhension et de la compassion du soignant. ” Il raconte avoir utilisé une forme de suggestion pour un garçon de 5 ans, qui cicatrisait mal : “ J’ai fait un geste de magicien et dit : “Psshhh ! Tu vas guérir ! Reviens me voir dans quinze jours…” À la consultation suivante, il n’avait plus rien. ” Aux yeux du Pr Mimoun, c’est l’effet placebo qui entre en jeu. Soit une amélioration engendrée par le seul fait d’y croire, alors que la pratique ou le produit sont dénués de toute efficacité propre. »


Le Reiki stimulerait notre capacité d'autoguérison. « Des scientifiques se sont intéressés à cette question, explique dans le Figaro Santé Audrey Mouge, journaliste et praticienne en chamanisme, auteure du Mystère des guérisseurs (Éditions de la Martinière), et font valoir que si tous les êtres vivants émettent des ondes électromagnétiques, les mains des guérisseurs et des maîtres de méditation émettent des champs magnétiques de basse fréquence mille fois plus puissants. Ces champs électromagnétiques de basse fréquence sont réputés soulager les douleurs. » Jeremy Howick, épidémiologiste clinique et philosophe des sciences canadien, a analysé des centaines d’études à travers le monde « concernant 25 000 patients. Il révèle les preuves scientifiques de nos capacités d’autoguérison en démontrant que notre état d’esprit exerce une forte influence sur notre santé. » CQFD


Christophe Vidal






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