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Et si on respectait la loi du silence cet été ?


C’est l’épreuve du feu pour les êtres qui bossent leur éveil spirituel : le silence. Pas celui dans la nef d’une église ou sous la coupole d’une mosquée le temps d’une prière, mais en soi, profondément, durablement. Le défi de la méditation...




Ce silence peut s’avérer assourdissant après tant d’années de brouhaha que chacun d’entre nous entretient assidûment. C’est si bon de se causer à soi-même et de se laisser pénétrer par la cacophonie ambiante, nous évitant ainsi d’entendre l’essentiel : sa source de vie intérieure alimentée par ce grand Univers, ce Dieu invisible dont on nous rabâche les oreilles depuis si longtemps. Qu’importe qui est l'émetteur suprême. L’important, c’est ce petit moment d’extase quand le silence se fait en nous et que nous éprouvons une sensation de paix. Pour le capter, certains ont recours à la retraite spirituelle, sous toutes ses formes, dont le dénominateur commun est : coupe le son ! Parlons-en.


Couper le son à l'extérieur permet d’entendre le sien intérieur décuplé. Nous recevons alors toutes nos pensées qui déferlent telles les chutes du Niagara, en flot continu fracassant notre être à qui mieux mieux.

Incohérentes, œuvrant en zapping permanent, ces pensées sont légion et la plupart d'entre nous ne maîtrisent pas le mode d’emploi de la télécommande pour stopper ce grand bazar égotique. Jour et nuit, nous opérons notre propre lavage de cerveau. Nous nous réduisons à une condition d’esclave, menés à la baguette par nos propres pensées qui nous gouvernent à leur guise. Nous ne connaissons jamais le silence.


La pratique de la méditation est particulièrement révélatrice. Elle met en exergue notre capacité à organiser notre barnum intérieur qui nous fatigue, met en rage jusqu’à la divagation. Le souffle, c’est la vie ! Quand nous entrons en conscience de notre respiration après de longues minutes, heures à bavarder avec nous-mêmes intempestivement, nous mesurons alors que notre mental est toxique. Il s'exprime sans cesse : « Je dois faire les courses ; mon voisin ne m’aime pas ; je suis fatigué ce matin ; il est insupportable ce collègue ; je suis nul, non, je suis au top ; je vais y arriver ; quelle bonne idée ce projet ; j’ai mal au dos ; je vais manger des œufs ; j’en peux plus de ces énarques ; il a tué sa femme ; je dois faire le plein d’essence… » Toutes ces pensées s’articulent en quelques secondes et se bousculent au portillon, nous empêchant d’être ici et maintenant, présents, en conscience.


Notre esprit ou mental est une vaste cuve remplie de déchets toxiques que nous accumulons en alimentant nos pensées d’éléments négatifs. Nous fonctionnons au rejet, à l’aversion, au désir, à l’avidité, entretenant la gesticulation de notre petit singe dans notre cerveau.

Toute cette agitation ne nous permet pas d’être dans la sensation vraie qui, elle, nous indique le chemin vers la quiétude, la paix intérieure. Se mettre à disposition pour accueillir le silence est un challenge tant nous sommes sollicités. Certains optent pour le sport à grand régime pour faire le vide et ainsi observer leur corps en action, leurs muscles qui se tendent, leur souffle qui prend le dessus sur les pensées toxiques. Ils sont dans la sensation corporelle qui peut s’avérer aussi douloureuse qu’exaltante. Et ils en redemandent pour tenir debout, rester ancré, se nettoyer des absurdités qui les ont contaminées dans la journée.


La méditation, éprouvée à haute dose, est une expérience intime accablante pour le mental. La bataille de Verdun est en soi avec des percées de conscience délicieuses pendant un instant, pilonnée dans la foulée par l’artillerie du mental, notre esprit souillé. Pendant des heures, des jours, c’est une guerre de tranchées. Et puis un matin, sa conscience plante un, deux, trois drapeaux victorieux.


Notre respiration est devenue notre amie, nous ouvrant les portes sur notre esprit soudainement bien calme. Il nous sourit pendant quelques minutes avant de recevoir une nouvelle salve de pensées anéantissantes.

Mais l’on a gagné du terrain, sans colère, ni autosatisfaction, juste en étant dans l'observation de cette transformation. La quiétude apparait un peu, beaucoup, avant de disparaitre puis de revenir dans un cycle vertueux. Après un bon training respiratoire, il s’agit de s’attaquer à ses sensations corporelles, partie par partie, et de tenter d’être en conscience de celles-ci, des plus grossières ou des plus subtiles. Un travail d’orfèvre, de Titan, l’observation ultime de ce corps, un scanner qu’il faut enclencher dans un état d’esprit de neutralité helvétique. Mal au dos, aux dents, crampes, fourmis dans les pieds (il est vrai que la posture du lotus est éprouvante au début) ne doivent pas entrainer un quelconque commentaire de notre part. Il s’agit juste de constater et d'observer sans aversion ni avidité que l’on a conscience de son corps vivant.


À la veille du grand été, du lâcher prise pendant quelques jours, en espérant repartir dans les starting-blocks à la clôture de son farniente, l’expérience de la méditation quotidienne, entre le kitesurf, la spéléo, le canoë ou la chaise longue, est un beau défi à relever. S’occuper de son intérieur une heure par jour à l’écoute du silence.









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